retour à l'accueil

 

Article paru dans Envrak.fr, bulletin numéro 6, le 1er Juin 2007

Merci a toute l'équipe et à Engy en particulier!

 

Kass-Kass Story

Les kasskass et tous leurs autres noms, leur histoire, leurs légendes, les chants et berceuses. Il y en a beaucoup, j'en connais un peu.
Cet instrument, il faut avant tout l'entendre et le voir jouer, alors pour vous mettre en bouche, voici un petit extrait : Démo réalisée par Olivaly

Les Kitsarkara, n'tsakala, epkoué, télévi, kalaté, kesskess, kissen-kissen, berceuses, asarato, hifana, kosika, cas cas, kobarani, asalato, boogiballs, kongobarani, Kobarani, Kese Kese, Thelevi, Patica, ou kasskass, sont des petits instruments africains de la famille des hochets. Ils sont extrêmement pratiques pour l'étude des superpositions de rythmes et très intéressants pour l'auto-accompagnement des chanteurs et chanteuses. Leur technique de jeu, très visuelle, rappelle celle du jonglage, les kass-kass sont d'ailleurs utilisées en jonglerie !

Cet instrument ancestral est lié à nos racines, aux rythmes de la vie. Tous les enfants, et particulièrement les bébés, sont sensibles à la musique particulière des kass-kass, qui mélangent deux sons sur deux temps différents. Le son doux et régulier de quatre shakers en boule de noix, et la percussion des noix entre elles donnent de très riches et d'étonnants (détonnants!) rythmes. Les bambins s'endorment, les plus grands écoutent, dansent, puis font pareil !

L'apprentissage de l'instrument est rapide, l'agilité s'acquiert au fil des heures passées à jouer. Il faut secouer les boules, doigts détendus mais poignet rigide (au départ). Une fois le geste maîtrisé - l'important étant de tenir le "tchikitchik" franc et régulier - les kass-kass se jouent sur toutes les musiques, si le tempo est adapté (pas d'extrême dans le lent comme dans le rapide, mais la gamme est large). L'instrument a la faculté de jouer seul, libre dans les mains, d'improviser et de se poser avec pertinence aux bons endroits.

Ces petites percussions sont nées de "noix" et de l'artisanat. Un travail qui demande du temps, de la minutie et beaucoup d'amour. Au départ il y a des fruits très durs et très odorants, sur un arbre tout emmêlé avec de longues épines, en Afrique. Après sa chute, chaque fruit choisi sèche et s'allège, puis est vidé, gratté, poli.. On trouve alors son jumeau, pour le remplir à nouveau afin qu'il sonne quand on en joue... Puis viennent le cordon, la cire, le beurre de karité, et les kass-kass sont là ! Plusieurs tailles de ficelles et de boules existent suivant la largeur des mains et le son désiré.

 

L'instrument est depuis bien longtemps très populaire en Afrique, les hommes l' utiliseraient pour faire la cour aux femmes ou pour entrer en transe. Une légende raconte aussi, qu'une fois, sur une plage d'Afrique de l'Ouest, un pêcheur avait jeté son filet mais, dans l'eau, rien ne bougeait. Depuis plusieurs jours déjà, sa famille avait faim et les poissons semblaient avoir déserté l'océan. Alors il marcha en longeant la forêt qui bordait la plage et implora le ciel pour que le poisson revienne. Son pied roula alors sur une boule, le fruit d'un arbre enchevêtré. Il la ramassa : elle était attachée à une autre, un peu comme les cerises. Aussi, il les secoua et constata qu'elles émettaient un son net, les petits morceaux de fruit séché à l'intérieur percutant la coquille sèche. Tchikitchi kitchikitchik kitchikitchik, il tint le rythme, les noix partirent pour se percuter, il les retint, les laissa partir encore. Kasskass tchikitchik kasskass tchikitchikass... Quel groove dans ces noix ! Quels rythmes endiablés ! Quelle efficacité ! Par le bruit attirés, les villageois arrivèrent et virent le filet se remplir de poissons, tant et tant qu'ils eurent grand mal à le tirer de l'eau. Chose faite, tout le village se rassembla, pour festoyer autour d'une orgie de poisson grillé. Chacun célébra l'instrument qui avait appelé le poisson, et en joua et chanta et dansa et kasstchikika : les kasskass étaient nées...

Aujourd'hui, elles rejoignent l'arsenal des percussionnistes et musiciens divers (Vincent Ségal avec -M- et Bumcello, Noah, les Hommes s'entêtent, Toma Sidibé...), en tant que percussions particulières et uniques en leur genre... Dans le groupe Sorgho, le trompettiste s'est essayé aux kass kass, il a ensuite initié le pianiste, et cette nouvelle connivence a tracé le chemin d'un nouvel univers où le jazz, l'Afrique et l'Europe se mêlent, avec fluidité, dans l'irrépressible énergie d'une pulsation de fête.

Les rythmes endiablés sont aussi riches que l'instrument est simple. Pour écouter et voir des démos, rendez-vous sur http://www.kasskass.net.

 

retour à l'accueil